Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ÉRASTE.


Il en meurt.


PHILANDRE.


Il en meurt._Ce courage à l’amour si rebelle ?


ÉRASTE.


Lui-même.


PHILANDRE.


Lui-même._Si ton cœur ne tient plus qu’à demi 147,
Tu peux le retirer en faveur d’un ami 148 ;
Sinon, pour mon regard ne cesse de prétendre :
Étant pris une fois, je ne suis plus à prendre.
Tout ce que je puis faire à ce beau feu naissant 149,
C’est de m’en revancher par un zèle impuissant 150 ;
Et ma Cloris la prie, afin de s’en distraire,
De tourner, s’il se peut, sa flamme vers son frère 151.


ÉRASTE.


Auprès de sa beauté qu’est-ce que ta Cloris ?


PHILANDRE.


Un peu plus de respect pour ce que je chéris.


ÉRASTE.


Je veux qu’elle ait en soi quelque chose d’aimable ;
Mais enfin à Mélite est-elle comparable 152 ?


PHILANDRE.


Qu’elle le soit ou non, je n’examine pas
Si des deux l’une ou l’autre a plus ou moins d’appas.
J’aime l’une ; et mon cœur pour toute autre insensible 153


147. Var. Lui-même._Si ton feu commence à te lasser. (1633)
Var. Lui-même._Si ton feu commence à se lasser. (1644-57)

148. Var. Pour un si bon ami tu peux y renoncer. (1633-57)
Var. Tu peux le retirer pour un si bon ami. (1660-64)

149. Var. Tout ce que je puis faire à son brasier naissant, (1633-68)

150. Var. C’est de le revancher par un zèle impuissant. (1633-57)

151. Var. De tourner ce qu’elle a de flamme vers son frère. (1633-57)

152. Var. Mais la peux-tu juger à l’autre comparable ?
phil. Soit comparable ou non, je n’examine pas. (1633-57)

153. Var. J’ai promis d’aimer l’une, et c’est où je m’arrête.
ér. Avise toutefois, le prétexte est honnête, (1633-57)