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io4 DISCOURS

d'importance par le moyen de ceux qui parlent, et qui croient n'être entendus de personne; car alors l'intérêt qu'ils ont à ce qui se dit, joint aune curiosité raisonnable d'apprendre ce qu'ils ne peuvent savoir d'ailleurs, leur donne grande part en l'action malgré leur silence ; mais, en ces deux exemples, Ammon et Achorée mêlent une présence si froide aux scènes qu'ils écoutent, qu'à ne rien déguiser, quelque couleur que je leur donne pour leur servir de prétexte, ils ne s'arrêtent que pour les lier avec celles qui les précèdent, tant Tune et l'autre pièce s'en peut aisément passer.

Bien que l'action du poëme dramatique doive avoir son unité, il y faut considérer deux parties : le nœud et le dénouement. Le nœud est composé, selon Aristotc, en par- tie de ce qui s'est passé hors du théâtre avant le commen- cement de l'action qu'on y décrit et en partie de ce qui s'y passe ; le reste appartient au dénouem.ent. Le change- ment d'une fortune en l'autre fait la séparation de ces deux parties. Tout ce qui le précède est de la première ; et ce changement avec ce qui le suit regarde l'autre '. Le nœud dépend entièrement du choix et de l'imagination industrieuse du poëte ; et Ton n'y peut donner de règle, sinon qu'il y doit ranger toutes choses selon le vraisem- blable ou le nécessaire, dont j'ai parlé dans le second Discours ; à quoi j'ajoute un conseil, de s'embarrasser le moins qu'il lui est possible de choses arrivées avant l'ac- tion qui se représente. Ces narrations importunent d'or- dinaire, parce qu'elles ne sont pas attendues, et qu'elles gênent l'esprit de l'auditeur, qui estobligéde charger sa

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