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DES TROIS UNITES. loi

que les unes et les autres doivent avoir une telle liaison ensemble, que les dernières soient produites par celles qui les précèdent, et que toutes ayent leur source dans la protase que doit fermer le premier acte. Cette règle que j'ai établie dès le premier Discours', bien qu'elle soit nou- velle et contre Tusage des anciens, a son fondement sur deux passages d'Aristote. En voici le premier : Il y a grande dijjérence, dit-il, entre les événements qui vien- nent les uns après les autres, et ceux qui viennent les uns à cause des autres^-. Les Maures viennent dans le Cid après la mort du Comte, et non pas à cause de la mort du Comte; et le pêcheur vient dans Don Sanche après qu'on soupçonne Carlos d'être le prince dWragon, et non pas à cause qu'on l'en soupçonne; ainsi tous les deux sont con- damnables. Le second passage est encore plus formel, cl porte en termes exprès, que tout ce qui se passe dans la tragédie doit arriver nécessairement ou vraisemblable- ment de ce qui l'a précédé^.

La liaison des scènes qui unit toutes les actions parti- culières de chaque acte l'une avec l'autre, et dont j'ai parlé en l'examen de la Suivante, est un grand ornement dans un poëme, et qui sert beaucoup à former une con- tinuité d'action par la continuité de la représentation ; mais enfin ce n'est qu'un ornement et non pas une règle. Les anciens ne s'y sont pas toujours assiijettis, bien que la plupart de leurs actes ne soient chargés que de deux ou trois scènes ; ce qui la rendoit bien plus facile pour eux que pour nous, qui leur en donnons quelquefois jus-

��I . Voyez plus haut, p. ^2 et suivantes.

3. Aiaœ^pat j-àp ::oXù ytvsaôat totos 8ià tscoe, f] [xsià tocoô. (Aristotc, poétique, chap. x, 3.)

3. TaOra oà 0£Ï y;v£a6a; IÇ ajT^; rfj; auiTaoî'jj; toCÎ (jl'jGou, witô Ix. tûv Tîpov^YEvriaevcjv U'jfjioaivciv fj IÇ àvâvy.rj; ^ xa-cà xô Er/io; -^i^^iafiot'. TaOïa- (Aristote, poétique, ctiap. x, 3.)

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