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DU POËME DRAMATIQUE. 4i

nous en dit Aristote, qui nous marque plutôt la situation de ces parties, et Tordre qu'elles ont entre elles dans la représentation, que la part de l'action qu'elles doivent contenir. Ainsi pour les appliquer à notre usage, le pro- logue est notre premier acte, l'épisode fait les trois sui- vants, l'exode le dernier.

Je dis que le prologue est ce qui se récite devant le pre- mier chant du chœur, bien que la version ordinaire porte, devant la première entrée du chœur, ce qui nous embar- rasseroit fort, vu que dans beaucoup de tragédies grec- ques le chœur parle le premier, et ainsi elles manque- roient de cette partie, ce qu'Aristole n'eût pas manqué de remarquer. Pour m'enhardir à changer ce terme, afin de lever la difficulté, j'ai considéré qu'encore que le mot grec Tuapoooc, dont se sert ici ce philosophe, signifie com- munément l'entrée en un chemin ou place publique, qui étoit le lieu ordinaire où nos anciens faisoicnt parler leurs acteurs, en cet endroit toutefois il ne peut signifier que le premier chant du chœur. C'est ce qu'il m'apprend lui-même un peu après, en disant que leirxpcoiç du chœur est la première chose que dit tout le chœur ensemble *. Or quand le chœur entier disoit quelque chose, il chan- toit ; et quand il parloit sans chanter, il n'y avoit qu'un de ceux dont il étoit composé qui parlât au nom de tous. La raison en est que le chœur alors tenoit lieu d'acteur, et que ce qu'il disoit servoit à l'action, et devoit par con- séquent être entendu ; ce qui n'eût pas été possible, si tous ceux qui le composoient, et qui étoient quelquefois jusqu'au nombre de cinquante, eussent parlé ou chanté tous à la fois. Il faut donc rejeter ce premier Tiâp^oo; du

��8a iiipoi oXov TpaY(i}8a; [xeG ' o où-/, sax'. y opou [Xc'Xoç. (Aristote, Poétique, chap. XII, 2.)

I. nâpoSo; [i.£V r) jîpojTr) Xe'çt? oÀou yopoù. (^Ibid.)

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