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AU LECTEUR. 9

Quant à Ve, nous en avons de trois fortes. LV fémi- nin, qui fe rencontre toulîours, ou feul, ou en diphton- gue, dans toutes les dernières fyllabes de nos mots qui ont la terminaifon féminine, et qui fait fî peu de fon, que cette fyllabe n'eft jamais contée' à rien à la fin de nos vers féminins, qui en ont toufiours une plus que les autres. L'e masculin, qui fe prononce comme dans la langue Latine, et un troificme e qui ne va jamais fans 1'^, qui luy donne un fon eflcvé qui fe prononce à bouche ouverte, en ces mois: fucces, accès, exprès. Or comme ce feroit une grande confufion, que ces trois e, en ces trois mots , afpres, vérité, et après, qui ont une pronon- ciation fî différente, euffent un caractère pareil, il eft aifé d'y remédier, par ces trois fortes dV que nous donne l'Imprimerie, e, é, è, qu'on peut nommer Ve fimple, Ve

à l'examen de plusieurs académiciens, dont la liste se trouve en tête du volume. Corneille y figure, toutefois on ne rencontre dans ce manuscrit aucune note de lui ; mais, dans son travail préparatoire, Mézeray avait rappelé en ces termes l'innovation introduite par l'il- lustre poëte : « M', de Corneille a proposé que pour faire connoistre quand l'S est muette dans les mots où qu'elle sifle, il seroit bon de mettre une S ronde aux endroits où elle siQe, comme à chaste, triste, reste, et une /longue aux endroits où elle est muette, soit qu'elle fasse longue la voyelle qui la précède, comme en tempe/le, fefte, te/te, etc., soit qu'elle ne la fasse pas, comme en efcii, efpine, défaire, efpurer, etc. »

« L'usage en seroit bon, objecte Segrais, mais l'innovation en est dangereuse. »

« Je n'y trouve point d'inconvénient, sur tout dans l'impression, réplique Doiijat, et ce n'est plus une nouveauté puisque M, de Cor- neille l'a pratiqué depuis plus de dix ou douze ans. »

« Où est l'inconuenient? dit Bossuetj ie le suiurois ainsi dans le dictionnaire et l'en ferois une remarque expresse où i'alleguerois l'exemple de M'. Corneille. Les HoUandois ont bien introduit u et u pour u voyelle et u consone, et de mesme i sans queue ou avec queue. Personne ne s'en est formalisé ; peu à peu les yeux s'y accoustument et la main les suit. »

I. Contée, comptée. Voyez le Lexique.

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