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Donne malaisément crédit
À ces bruits indiscrets où la foule s’emporte.
Il faut examiner avec sincérité,
Selon l’esprit de Dieu, qui n’est que charité,
Tout ce que d’un autre on publie :
Cependant, ô foiblesse indigne d’un chrétien !
Jusque-là souvent on s’oublie
Qu’on croit beaucoup de mal plutôt qu’un peu de bien.

Qui cherche la perfection,
Loin de tout croire en téméraire,
Pèse avec mûre attention
Tout ce qu’il entend dire et tout ce qu’il voit faire.
La plus claire apparence a peine à l’engager :
Il sait que notre esprit est prompt à mal juger,
Notre langue prompte à médire ;
Et bien qu’il ait sa part en cette infirmité,
Sur lui-même il garde un empire
Qui le fait triompher de sa fragilité.

C’est ainsi que son jugement,
Quoi qu’il apprenne, quoi qu’il sache,
Se porte sans empressement,
Sans qu’en opiniâtre à son sens il s’attache.
Il se défend longtemps du mal qu’on dit d’autrui,