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Que ne puis-je du moins par un céleste feu
à ton grand précurseur ressembler tant soit peu,
à cet illustre saint, dont la haute excellence
semble sur tout le reste emporter la balance !
Que n’ai-je les élans dont il fut animé
lorsqu’aux flancs maternels encor tout enfermé,
impatient déjà de préparer ta voie,
il sentit ta présence, et tressaillit de joie,
mais d’une sainte joie et d’un tressaillement
dont le Saint-Esprit seul formoit le mouvement !

Lorsqu’il te vit ensuite être ce que nous sommes,
converser, enseigner, vivre parmi les hommes,
tout enflammé d’ardeur : " Quiconque aime l’époux,
cria-t-il, de sa voix trouve l’accent si doux,
que de ses tons charmeurs l’amoureuse tendresse,
sitôt qu’il les entend, le comble d’allégresse. "

Que n’ai-je ainsi que lui ces hauts ravissements,
ces desirs embrasés, et ces grands sentiments,
afin que tout mon cœur dans un transport sublime
t’offre une plus entière et plus noble victime ?

J’ajoute donc au peu qu’il m’est permis d’avoir
tout ce que tes dévots en peuvent concevoir,