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Au grand jour du Seigneur sera-ce un grand refuge
D’avoir connu de tout et la cause et l’effet ?
Et ce qu’on aura su fléchira-t-il un juge
Qui ne regardera que ce qu’on aura fait ?

Borne tous tes desirs à ce qu’il te faut faire ;
Ne les porte plus trop vers l’amas du savoir ;
Les soins de l’acquérir ne font que te distraire,
Et quand tu l’as acquis, il peut te décevoir.

Les savants d’ordinaire aiment qu’on les regarde,
Qu’on murmure autour d’eux : « Voilà ces grands esprits ! »
Et s’ils ne font du cœur une soigneuse garde,
De cet orgueil secret ils sont toujours surpris.

Qu’on ne s’y trompe point : s’il est quelques sciences
Qui puissent d’un savant faire un homme de bien,
Il en est beaucoup plus de qui les connoissances
Ne servent guère à l’âme, ou ne servent de rien.