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et remettre avec joie au grand dispensateur
le temps et la façon d’avancer un ouvrage
qui n’a que lui pour but, et que lui pour auteur.

Quand le zèle te manque, ou qu’il n’a que foiblesse,
trouve à t’humilier dans ton peu de vertu ;
mais garde que ton cœur n’en soit trop abattu,
et ne t’en laisse pas accabler de tristesse.
Dieu souvent est prodigue après de longs refus,
le bonheur qu’il diffère en devient plus diffus,
les faveurs qu’il recule en sont plus singulières :
il se plaît à surprendre, il choisit son moment,
et souvent il accorde à la fin des prières
la grâce qu’il dénie à leur commencement.

S’il en faisoit le don sitôt qu’on le demande,
l’homme ne sauroit pas ce que vaut un tel bien,
tant il oublieroit tôt sa foiblesse et son rien,
tant il voudroit peu voir que sa misère est grande !
Le prix en décroîtroit par la facilité.
Attends donc cette grâce avec humilité,
avec un ferme espoir armé de patience ;
et si tu ne l’obtiens, ou s’il te veut l’ôter,
n’en cherche la raison que dans ta conscience :
c’est à tes seuls péchés que tu dois l’imputer.