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Sans toi je ne puis vivre, et tout autre soutien
n’est qu’un vain appui, qu’un faux bien ;
je ne puis subsister sans tes douces visites ;
et mes propres langueurs m’abattroient en chemin,
si je me confiois à mon peu de mérites,
sans recourir souvent à ce mets tout divin.

Souviens-toi que ce peuple à qui dans les déserts
ta sagesse elle-même annonçoit tes oracles,
guéri qu’il fut par toi de mille maux divers,
vit ta pitié s’étendre à de plus grands miracles :
de crainte qu’au retour il ne languît de faim,
tu lui multiplias le pain ;
Seigneur, fais-en de même avec ta créature,
toi qui, pour consoler un peuple mieux aimé,
lui veux bien chaque jour servir de nourriture
sous les dehors d’un pain où tu t’es enfermé.

Quiconque en ces bas lieux te reçoit dignement,
pain vivant, doux repas de l’âme du fidèle,
s’établit un partage au haut du firmament,
et s’assure un plein droit à la gloire éternelle.
Mais las ! que je suis loin d’un état si parfait,
moi que souvent le moindre attrait