Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/633

Cette page n’a pas encore été corrigée

à peine l’homme parle, et ton vouloir est fait.

Chose étrange, et bien digne enfin que la foi vienne
au secours de nos sens et de l’esprit humain,
que l’espèce du vin tout entier te contienne,
que tu sois tout entier sous l’espèce du pain !

Tu fais de leur substance en toi-même un échange,
tu les anéantis, et revêts leurs dehors ;
et bien qu’à tous moments on te boive et te mange,
on ne consume point ni ton sang ni ton corps.

Grand monarque du ciel, qui dans ce haut étage
n’as besoin de personne, et ne manques de rien,
tu veux loger en nous, et faire un alliage,
par ce grand sacrement, de notre sang au tien !

Conserve donc mon cœur et tout mon corps sans tache,
afin qu’un plein repos dans mon âme épandu,
à ce mystère saint un saint amour m’attache,
et qu’à le célébrer je me rende assidu ;

Que souvent je le puisse offrir en ta mémoire,
comme de ta voix propre il t’a plu commander,
et qu’après l’avoir pris pour ta plus grande gloire,
au salut éternel il me puisse guider.