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Mais que dois-je penser à cette table sainte ?
M’approchant de mon Dieu, de quoi m’entretenir ?
J’y porte du respect, du zèle et de la crainte,
et ne le puis assez respecter ni bénir.

Je n’ai rien de meilleur ni de plus salutaire,
que de m’humilier devant ta majesté,
et de tenir l’œil bas sur toute ma misère,
pour élever d’autant l’excès de ta bonté.

Je te loue, ô mon Dieu, je t’exalte sans cesse ;
de mon propre mépris je me fais une loi,
et je m’abîme au fond de toute ma bassesse,
pour de tout mon pouvoir me ravaler sous toi.

Toi, la pureté même, et moi, la même ordure,
toi, le grand saint des saints, toi, leur unique roi,
tu viens à cette indigne et vile créature
qui ne mérite pas de porter l’œil sur toi !

Tu viens jusques à moi pour loger en moi-même,
tu m’invites toi-même à ces divins banquets,