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place dans les vers avec quelque grâce. Ceux de tribulation, contemplation, humiliation, ne sont pas de meilleure trempe. La nécessité me les fait employer plus souvent que ne peut souffrir la douceur de la belle poésie, et quand je m’enhardis à en substituer quelques autres en leur place, je sens bien qu’ils ne disent pas tout ce que mon auteur veut dire, et qu’à moins que l’indulgence du lecteur supplée ce qui leur manque, il ne concevra pas sa pensée dans toute son étendue. Il en est ainsi de quelques autres encore que je ne puis pas rendre toujours comme je voudrois, et sont cause que les personnes bien illuminées, qui entendent et goûtent parfaitement l’original, ne trouvent pas leur compte dans ma traduction. Je n’en veux pas imputer si pleinement la faute à la foiblesse de notre langue, que je ne confesse que la mienne y a bonne part ; mais enfin je ne puis mieux faire, et de quelque importance que soit ce défaut, je n’ai pas cru qu’il me dût faire quitter un travail que d’ailleurs on me veut faire croire être assez utile au public, et pouvoir contribuer quelque chose à la gloire de Dieu et à l’édification du prochain. Comme tout le monde n’a pas d’égales lumières, beaucoup de bonnes âmes sont assez simples pour ne s’apercevoir pas des imperfections de cette version, que d’autres mieux éclairées y remarquent du premier coup d’œil, et qui ne s’y couleroient pas en si grand nombre, si Dieu m’avoit donné plus d’esprit.