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Rien d’un si digne amour ne les peut détourner ;
rien vers d’autres objets ne les peut ramener :
l’immense vérité dont leurs âmes sont pleines
par sa vive lumière entretient dans leurs veines
et de la charité l’inextinguible feu,
et de toute autre ardeur un constant désaveu.

Que ces hommes charnels, que ces âmes brutales
qui leur osent donner des places inégales,
ces cœurs qui n’ont pour but que les plaisirs mondains,
cessent de discourir de l’état de mes saints.
L’ardeur qu’ils ont pour eux, ou foible, ou véhémente,
au gré de son caprice ôte, déguise, augmente,
sans consulter jamais sur leur félicité
la voix de ma sagesse et de ma vérité.

L’ignorance en plusieurs fait ce mauvais partage
qu’ils font entre mes saints de mon propre héritage,
surtout en ces esprits foiblement éclairés,
qui de leur propre amour encor mal séparés,
ont peine à conserver dans une âme charnelle
une dilection toute spirituelle.
Le penchant naturel de l’humaine amitié
de leur zèle imprudent fait plus de la moitié :
comme ils n’en forment point que leurs sens n’examinent,
ce qui se passe en bas, en haut ils l’imaginent,