Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/600

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ne t’informe non plus qui des saints m’est aux cieux
le plus considérable ou le moins précieux,
et ne conteste point sur la prééminence
que de leur sainteté mérite l’excellence.
Ces curiosités sont autant d’attentats,
qui ne font qu’exciter d’inutiles débats,
enfler les cœurs d’orgueil, brouiller les fantaisies,
jusqu’aux dissensions pousser les jalousies,
lorsque de part et d’autre un cœur passionné
à préférer son saint porte un zèle obstiné.

Les contestations de ces recherches vaines
ne laissent aucun fruit après beaucoup de peines :
ce n’est que se gêner d’un frivole souci,
et l’on déplaît aux saints quand on les loue ainsi.
Jamais avec ce feu mon esprit ne s’accorde :
je suis le Dieu de paix, et non pas de discorde ;
et cette paix consiste en vraie humilité,
plus qu’aux vaines douceurs d’avoir tout emporté.
Je sais qu’en bien des cœurs souvent le zèle imprime
pour tel ou tel des saints plus d’ardeur et d’estime ;
mais cette ardeur, ce zèle, et cette estime enfin,