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de disposition que les matières y ont à la poésie, le peu de liaison non-seulement d’un chapitre avec l’autre, mais d’une période même avec celle qui la suit, et la quantité des redites, sont des obstacles assez malaisés à surmonter. Et si, outre ces trois, qui viennent de l’original, vous voulez bien en considérer trois autres de la part du traducteur, peu de connoissance de la théologie, peu de pratique des sentiments de dévotion, et peu d’habitude à faire des vers d’ode et de stances, j’ose m’assurer que vous me pardonnerez aisément les défauts que je vois moi-même dans cet ouvrage, sans l’en pouvoir purger au point qu’on peut raisonnablement attendre d’un homme à qui les vers ont acquis quelque réputation. Surtout les répétitions sont si fréquentes dans le texte de mon auteur, que quand notre langue seroit dix fois plus abondante qu’elle n’est, je l’aurois déjà épuisée. Elles ont bien lieu de vous importuner, puisqu’elles m’accablent, et j’avoue ingénument que je n’ai pu encore trouver le secret de diversifier mes expressions toutes les fois qu’il me présente la même chose à exprimer. Le premier et le dernier chapitre de ce second livre en sont tous remplis, et comme je n’ai pu me résoudre à faire une infidélité à mon guide, que je suis pas à pas, de peur de m’égarer dans un chemin qui m’est presque inconnu, aussi n’ai-je pu forcer mon génie à n’y laisser aucune marque du dégoût que ces redites m’ont donné. Il se rencontre même dans son texte des mots si farouches pour la poésie, que je suis contraint d’avoir recours à d’autres, qui n’y répondent pas si bien que je souhaiterois et n’en sauroient faire passer toute la force en notre françois. Je fais cette excuse particulièrement pour celui de consolations, dont il se sert à tous propos, et qui a grande peine à trouver sa