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prépare encor ton âme à souffrir davantage.
Pour te sentir pressé des tribulations,
pour te voir chanceler sous les tentations,
ne crois pas tout perdu, n’y trouve rien d’étrange :
tu n’es qu’homme, et non Dieu, mais homme tout de chair,
mais chair toute fragile, et non pas tel qu’un ange
que de l’abus des sens il m’a plu détacher.

Les anges même au ciel, le premier homme en terre,
où je lui fis un paradis,
conservèrent si peu l’état où je les mis
qu’ils devinrent bientôt dignes de mon tonnerre.
Ne prétends non plus qu’eux conserver ta vertu
sans te voir ébranlé, sans te voir combattu ;
mais en ce triste état offre-moi ta foiblesse :
j’élève qui gémit avec humilité,
et plus l’homme à mes yeux reconnoît sa bassesse,
plus je le fais monter vers ma divinité.

Béni sois-tu, Seigneur, dont la sainte parole
me fortifie et me console ;
il n’est rien ailleurs de si doux :
que ferois-je, ô mon Dieu, parmi tant de misères,
parmi tant d’angoisses amères,