Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/595

Cette page n’a pas encore été corrigée

tu sais à tous ses maux mettre un prompt appareil ;
mais quand l’affliction vient frapper à ta porte,
tu n’as plus aussitôt ni force ni conseil.

Par là tu peux juger l’excès de ta foiblesse,
que mille épreuves te font voir,
puisque le moindre obstacle a de quoi t’émouvoir,
et que le moindre mal t’accable de tristesse.
Je sais qu’il t’est fâcheux de te voir mépriser :
tel qui te foule aux pieds te devroit courtiser ;
tel devroit t’obéir qui sous lui te captive ;
mais souviens-toi qu’enfin tout est pour ton salut,
que ce qui te déplaît par mon ordre t’arrive,
et que ton bonheur propre en est l’unique but.

Je ne demande point que tu sois insensible ;
mais tâche à bien régler ton cœur,
tâche à bien soutenir ce qu’il a de vigueur,
et si tu ne peux tout, fais du moins ton possible.
à chaque déplaisir tiens-toi ferme en ce point,
que s’il te peut toucher, il ne t’abatte point,
que jamais son aigreur longtemps ne t’embarrasse :
souffre avec allégresse, ou si c’est trop pour toi,
souffre avec patience, et conserve une place
à recevoir sans bruit tout ce qui vient de moi.