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ni d’un droit absolu dessus nos volontés.

De là vient, ô mon Dieu, qu’en tout ce que je fais
l’esprit me porte en haut, et fait que je me plais
en la loi que tu m’as prescrite :
je sais que ton précepte est bon, et juste, et saint,
je sais qu’il montre à fuir le vice qui l’enfreint,
et le mal qu’il faut que j’évite ;
mais une loi contraire où m’asservit la chair,
forte de ma propre impuissance,
me contraint d’obéir à sa concupiscence
plutôt qu’à la raison qui m’en veut détacher.

Ainsi je vois souvent tomber à mes côtés
les efforts languissants des bonnes volontés
qu’à l’effet je ne puis conduire ;
ainsi pour la vertu contre les vains plaisirs
j’ai force bons propos, j’ai force bons desirs,
mais qui ne peuvent rien produire.
La grâce n’aidant pas d’un secours assez plein
ma foiblesse et mon inconstance,
ce qui jette au-devant la moindre résistance
me fait perdre courage et changer de dessein.