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que moi-même honorant de mes douces visites
je fais de jour en jour d’autant plus haut monter ;
et ma main, d’autant mieux réparant mon ouvrage,
dans ton intérieur rétablit mon image.


CHAPITRE LV.

de la corruption de la nature, et de l’efficace de la grâce.


Seigneur, à ton image il t’a plu me former :
ton souffle dans mon âme a daigné l’imprimer
par un amoureux caractère ;
mais ce n’est pas assez : il faut, il faut encor
cette grâce, ce grand trésor,
que tu viens de montrer m’être si nécessaire ;
je ne puis autrement vaincre l’orgueil caché
de ma nature pervertie,
qui faisant triompher la plus foible partie,
me précipite au mal et m’entraîne au péché.

Malgré moi j’y succombe, et j’en sens malgré moi
régner sur tout mon cœur l’impérieuse loi,
aux lois de l’esprit opposée :
esclave qu’il en est, il l’aide à me trahir