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les tiennes ont l’effet aussi prompt qu’il est doux.

Que t’ai-je fait, ô Dieu, daigne que ta clémence
m’envoie ainsi d’en haut un céleste rayon ?
Et qui me fait ainsi jouir de ta présence,
moi qui ne me souviens d’avoir rien fait de bon ?

Je force ma mémoire à retracer ma vie,
et n’y vois que désordre et que déréglement,
qu’une pente au péché honteusement suivie,
qu’une morne langueur pour mon amendement.

C’est une vérité que je ne te puis taire ;
et si mon impudence osoit la dénier,
tes yeux me convaincroient aussitôt du contraire,
sans qu’aucun entreprît de me justifier.

Qu’ai-je pu mériter par cet amour du vice,
que d’être mis au rang des plus grands criminels ?
Et si tu fais agir seulement ta justice,
qu’aura-t-elle pour moi que des feux éternels ?

Je ne suis digne au plus que de voir sur ma face
l’opprobre et le mépris rejaillir à grands flots ;