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matières y ont à la poésie, le peu de liaison non-seulement d’un chapitre avec l’autre, mais d’une période même avec celle qui la suit, et la quantité des redites qui s’y rencontrent, sont des obstacles assez malaisés à surmonter. Et si, outre ces trois difficultés, qui viennent de l’original, vous voulez bien en considérer trois autres de la part du traducteur, peu de connoissance de la théologie, peu de pratique des sentiments de dévotion, et peu d’habitude à faire des vers d’ode et de stances, j’ose m’assurer que vous me trouverez assez excusable, quand je vous avouerai qu’après seize ou dix-sept cents vers de cette nature, j’ai besoin de reprendre haleine, et de me reposer plus d’une fois dans une carrière si longue et si pénible. C’est ce que je fais avec d’autant plus de liberté, que je n’y vois aucun chapitre dont l’intelligence dépende de celui qui le précède, ou de celui qui le suit ; et que n’ayant point d’ordre entre eux, je puis m’arrêter où je me trouve las, sans craindre d’en rompre la tissure. Si Dieu me donne assez de vie et d’esprit, je tâcherai d’aller jusqu’au bout, et lors nous rejoindrons tous ces fragments. Cependant je conjure le lecteur d’agréer ce que je lui pourrai donner de temps en temps, et surtout de souffrir l’importunité de quelques mots que j’emploie un peu souvent. Les répétitions sont si fréquentes dans le texte de mon auteur, que quand notre langue seroit dix fois plus abondante qu’elle n’est, ma traduction l’auroit déjà épuisée. Il s’y trouve même des mots si farouches pour la poésie, que je suis contraint d’en chercher d’autres, qui n’y répondent pas si parfaitement que