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jusqu’aux pieds de son Dieu qui l’a faite et sauvée,
un damnable escadron de sentiments honteux
vient troubler sa prière et distraire ses vœux !

Toi, qui seul de mes maux tiens en main le remède,
en ces extrémités n’éloigne pas ton aide,
et ne retire point par un juste courroux
le bras qui seul pour moi peut rompre tous leurs coups.
Lance du haut du ciel un éclat de ta foudre,
qui dissipe leur force et les réduise en poudre ;
précipite sur eux la grêle de tes dards ;
rends-les à leur néant d’un seul de tes regards,
et renvoie aux enfers, comme souverain maître,
ces fantômes impurs que leur prince fait naître.

D’autre côté, Seigneur, recueille en toi mes sens,
ranime, réunis mes desirs languissants ;
fais qu’un parfait oubli des choses de la terre
tienne à couvert mon cœur de toute cette guerre ;
ou si par quelque embûche il se trouve surpris,
fais que par les efforts d’un prompt et saint mépris
il rejette soudain ces délices fardées
dont le vice blanchit ses plus noires idées.

Viens, viens à mon secours, suprême vérité,
que je ne donne entrée à quelque vanité ;
viens, céleste douceur, viens occuper la place,
et toute impureté fuira devant ta face.