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où de mon triste exil les suites importunes
ne sont qu’affreux combats et longues infortunes.

Modère les rigueurs de ce bannissement,
verse en mes déplaisirs quelque soulagement :
tu sais que c’est pour toi que tout mon cœur soupire ;
tu vois que c’est à toi que tout mon cœur aspire ;
le monde m’est à charge, et ne fait que grossir
ce fardeau de mes maux qu’il tâche d’adoucir :
ni de lui ni de moi je ne dois rien attendre ;
je veux te posséder, et ne te puis comprendre ;
je forme à peine un vol pour m’attacher aux cieux,
qu’un souci temporel le ravale en ces lieux ;
et de mes passions les forces mal domptées
me rendent aux douceurs qu’elles m’avoient prêtées :
l’esprit prend le dessus, mais le poids de la chair
jusqu’au-dessous de tout me force à trébucher.
Ainsi je me combats et me pèse à moi-même,
ainsi de mon dedans le désordre est extrême :
la chair rappelle en bas, quand l’esprit tire en haut,
et la foible partie est celle qui prévaut.

Que je souffre, Seigneur, quand mon âme élevée