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de ce qui s’en échappe au travers d’un nuage,
et tout ce qu’à nos yeux il est permis d’en voir,
ce sont traits réfléchis qu’en répand un miroir.

Ces habitants du ciel en savent les délices,
tandis qu’en ces bas lieux nous traînons nos supplices,
et qu’un accablement d’amertume et d’ennuis
de nos jours les plus beaux fait d’effroyables nuits.

Ces jours, que le temps donne et dérobe lui-même,
longs pour qui les connoît, et courts pour qui les aime,
ont pour l’un et pour l’autre un tissu de malheurs
d’où naissent à l’envi l’angoisse et les douleurs.
Tant que l’homme en jouit, que de péchés le gênent !
Combien de passions l’assiégent ou l’enchaînent !
Que de justes frayeurs, que de soucis cuisants
lui déchirent le cœur et brouillent tous les sens !
La curiosité de tous côtés l’engage ;
la folle vanité le tient en esclavage ;
enveloppé d’erreurs, atterré de travaux,
entre mille ennemis pressé de mille assauts,
le repos l’affoiblit, et le plaisir l’énerve ;
tout le cours de sa vie a des maux de réserve ;
le riche par ses biens n’en est pas exempté,
et le pauvre a pour comble encor sa pauvreté.

Quand verrai-je, Seigneur, finir tant de supplices ?