Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée


II
AU LECTEUR

… Les matières y ont si peu de disposition à la poésie, que mon entreprise n’est pas sans quelque apparence de témérité ; et c’est ce qui m’a empêché de m’engager plus avant, que je n’aye consulté le jugement du public par ces vingt chapitres que je lui donne pour coup d’essai, et pour arrhes du reste. J’apprendrai, par l’estime ou le mépris qu’il en fera, si j’ai bien ou mal pris mes mesures, et de quelle façon je dois continuer : s’il me faut étendre davantage les pensées de mon auteur pour leur faire recevoir par force les agréments qu’il a méprisés, ou si ce peu que j’y ajoute quelquefois, par la nécessité de fournir une strophe, n’est point une liberté qu’il soit à propos de retrancher. Je pensois être le premier à qui il fût tombé en l’esprit de sanctifier la poésie par un ouvrage si précieux ; mais je viens d’être surpris de le voir rendu en vers latins par le R P Thomas Mesler, bénédictin de l’abbaye impériale de Zuifalten, et imprimé à Bruxelles dès l’année mil six cent quarante-neuf. Il s’en est acquitté si dignement, que je ne prétends pas l’égaler en notre langue. Je me contenterai de le suivre