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supporte avec grand cœur tous les succès contraires :
leur plus longue amertume aura de doux reflus,
et la vie éternelle a d’assez grands salaires
pour être digne encor de plus.

Oui, tu verras un jour finir tous ces ennuis ;
Dieu connoît ce grand jour, qu’autre ne peut connoître :
tu ne verras plus lors ni les jours ni les nuits,
comme ici tu les vois, s’augmenter ou décroître ;
d’une clarté céleste un long épanchement
fera briller incessamment
d’un rayon infini la splendeur ineffable ;
et d’une ferme paix le repos assuré
versera dans ton cœur le calme invariable
que ces maux t’auront procuré.

Tu ne diras plus lors : " Qui pourra m’affranchir
de la mort que je traîne, et des fers que je porte ? "
tu ne crieras plus lors : " Faut-il ainsi blanchir ?
Faut-il voir prolonger mon exil de la sorte ? "
La mort, précipitée aux gouffres du néant,
n’aura plus ce gosier béant,
dont tout ce qui respire est l’infaillible proie ;
et la santé sans trouble et sans anxiété
n’y laissera goûter que la parfaite joie
d’une heureuse société.