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mais que t’importe enfin, si tu m’as pour refuge ?
N’en suis-je pas au ciel l’inévitable juge,
qui vois sans me tromper comme tout s’est passé ?
Et pour le châtiment, et pour la récompense,
ne sais-je pas qui fait l’offense,
et qui demeure l’offensé ?

Rien ne va sans mon ordre, et c’est moi qui t’envoie
ce mot que contre toi lancent tes ennemis :
je veux qu’ainsi des cœurs le secret se déploie,
et tout ce qui t’arrive, exprès je l’ai permis.
Tu verras quelque jour mon arrêt équitable
séparer l’innocent d’avecque le coupable,
et rendre à tous les deux ce qu’ils ont mérité :
cependant il me plaît qu’en secret ma justice
de l’un éprouve la malice,
et de l’autre la fermeté.

Tout ce que l’homme ici te rend de témoignage
est sujet à l’erreur et périt avec lui ;
la vérité des miens leur fait cet avantage
qu’ils sont au bout des temps les mêmes qu’aujourd’hui.
Je les cache souvent, et fort peu de lumières
savent en pénétrer les ténèbres entières ;
mais l’erreur n’entre point dans leur obscurité,
et dans le même instant qu’on y trouve à redire,