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sous les épreuves violentes
par où tant de saints ont passé.

D’où vient que pour si peu le chagrin te dévore,
qu’un mot jusqu’en ton cœur va trouver ton défaut,
si ce n’est que la chair, qui te domine encore,
te fait considérer l’homme plus qu’il ne faut ?
C’est le mépris humain que ton âme appréhende,
qui soulève ce cœur contre la réprimande,
lors même qu’elle est due à ta légèreté :
c’est là ce qui te force à chercher quelque ruse,
qui sous une mauvaise excuse
mette à couvert ta lâcheté.

Examine-toi mieux, et quoi qu’on t’ose dire,
descends jusqu’en toi-même, et vois ce que tu crains :
tu verras que le monde encore en toi respire
avec le vain souci d’agréer aux mondains.
Craindre pour tes défauts qu’on ne te mésestime,
que la confusion sur ton front ne s’imprime,
c’est montrer que ton cœur s’est mal sacrifié,
que tu n’as point encor d’humilité profonde,
et que tu n’es ni mort au monde,
ni lui pour toi crucifié.

Mais écoute, mon fils, écoute ma parole,
et dix mille d’ailleurs ne te pourront toucher,