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et le poids qui souvent règle tes actions
laisse en moins d’un coup d’œil emporter la balance
à la légèreté de tes affections.

Parmi ces changements le sage se tient ferme :
il porte au-dessus d’eux l’ordre qu’il s’est prescrit,
et bien instruit qu’il est des routes de l’esprit,
il suit toujours sa voie, et va jusqu’à son terme.
Il agit sur soi-même en véritable roi,
sans regarder jamais à ce qu’il sent en soi,
ni d’où partent des vents de si peu de durée ;
et son unique but dans le plus long chemin,
c’est que l’intention de son âme épurée
se tourne vers la bonne et desirable fin.

Ainsi sans s’ébranler il est toujours le même
dans la diversité de tant d’événements,
et son cœur, dégagé des propres sentiments,
n’aimant que ce qu’il doit, s’attache à ce qu’il aime ;
ainsi l’œil simple et pur de son intention
s’élève sans relâche à la perfection,
dont il voit en moi seul l’invariable idée ;
et plus cet œil est net, et plus sa fermeté,
au travers de l’orage heureusement guidée,
vers ce port qu’il souhaite avance en sûreté.