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CHAPITRE XXXIII.

de l’instabilité du cœur, et de l’intention finale qu’il faut dresser vers Dieu.


Sur l’état de ton cœur ne prends point d’assurance ;
son assiette, mon fils, se change en un moment :
un moment la renverse, et ce renversement
des plus justes desseins peut tromper l’espérance.
Tant que dure le cours de ta mortalité,
l’inévitable joug de l’instabilité
t’impose une fâcheuse et longue servitude :
en dépit de toi-même elle te fait la loi,
et l’ordre chancelant de sa vicissitude
ne prend point ton aveu pour triompher de toi.

Ainsi tantôt la joie et tantôt la tristesse
de ton cœur, malgré lui, s’emparent tour à tour ;
tantôt la paix y règne, et dans le même jour
mille troubles divers surprennent sa foiblesse.
La ferveur, la tiédeur, ont chez toi leur instant ;
ton soin le plus actif n’est jamais si constant
qu’il ne cède la place à quelque nonchalance ;