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Souviens-toi que du haut des cieux
je perce d’un regard l’un et l’autre hémisphère,
et que le plus secret mystère
n’a point d’obscurité qui le cache à mes yeux :
rien n’échappe à ma connoissance ;
je vois tout ce que font les méchants et les saints ;
j’entends tout ce qu’on dit ; je sais tout ce qu’on pense,
et jusqu’au fond des cœurs je lis tous les desseins.

Tu dois donc me remettre tout,
puisque tout sur la terre est présent à ma vue :
que tout autre à son gré remue,
conserve en plein repos ton âme jusqu’au bout ;
quoi qu’il excite de tempête,
quelques lâches soucis qui puissent l’occuper,
tout ce qu’il fait et dit reviendra sur sa tête,
et pour rusé qu’il soit, il ne peut me tromper.

Ne cherche point l’éclat du nom :
ce qu’il a de brillant ne va jamais sans ombre ;
ne cherche en amis ni le nombre,
ni les étroits liens d’une forte union :
tout cela ne fait que distraire,
et ce peu qu’au dehors il jette de splendeur,