Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui porte de ton doigt l’inestimable empreinte ;
et qu’entre les mortels être bien ravalé
donne moins un sujet de chagrin et de plainte
qu’une digne matière à vivre consolé.

Tu n’as point fait ici dans l’or ni dans l’ivoire
le choix de tes amis et de tes commensaux ;
mais dans le plus bas rang et les plus vils travaux
que le monde orgueilleux ait bannis de sa gloire.
Tes apôtres, Seigneur, en sont de bons témoins :
eux à qui du troupeau tu laissas tous les soins,
eux qu’ordonnoit ta main pour princes de la terre,
de quel ordre éminent les avois-tu tirés ?
Et quelle étoit la pourpre et de Jean et de Pierre,
dans une barque usée et des rets déchirés ?

Cependant sans se plaindre ils ont traîné leur vie,
et plongés qu’ils étoient dans la simplicité,
le précieux éclat de leur humilité
aux plus grands potentats ne portoit point d’envie.
Ils agissoient partout sans malice et sans fard,
et la superbe en eux avoit si peu de part,
que de l’ignominie ils faisoient leurs délices ;
les opprobres pour toi ne les pouvoient lasser,