Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/411

Cette page n’a pas encore été corrigée

tu me montres un visage
qui soit pour moi tout d’amour. "

Que d’autres, enivrés de leurs folles pensées,
suivent au lieu de toi leurs ardeurs insensées ;
que le reste du monde attache ses plaisirs
aux frivoles objets de ses bouillants desirs :
rien ne me plaît, Seigneur, rien ne pourra me plaire
que toi, qui seul de l’âme es l’espoir salutaire.
Je ne m’en tairai point, et sans cesse je veux
jusqu’au ciel, jusqu’à toi, pousser mes humbles vœux,
tant que ma triste voix enfin mieux entendue,
tant que ta grâce enfin à mes soupirs rendue,
tu daignes, pour réponse à cette voix sans voix,
d’un même accent me dire et redire cent fois :

" Me voici, je viens à ton aide ;
je viens guérir les maux où tu m’as appelé,
et ma main secourable apporte le remède
dont tu dois être consolé.

" De mon trône j’ai vu tes larmes ;
j’ai vu de tes desirs l’amoureuse langueur ;
j’ai vu tes repentirs, tes douleurs, tes alarmes,
et l’humilité de ton cœur.

" J’ai voulu si peu me défendre