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grand prélat a pris plaisir de me faire voir des premiers. Il me l’a fait lire, il me l’a fait admirer avec lui, et pou vous rendre justice partout durant cette lecture, je ne faisois que répéter les éloges que chaque vers tiroit de sa bouche. Mais entre tant de choses excellentes, rien ne fit alors et ne fait encore tous les jours une si forte impression sur mon âme, que ces rares pensées de la mort que vous y avez semées si abondamment. Elles me plongèrent dans une réflexion sérieuse qu’il falloit comparoître devant Dieu, et lui rendre compte du talent dont il m’avoit favorisé. Je considérai ensuite que ce n’étoit pas assez de l’avoir si heureusement réduit à purger notre théâtre des ordures que les premiers siècles y avoient comme incorporées, et des licences que les derniers y avoient souffertes ; qu’il ne me devoit pas suffire d’y avoir fait régner en leur place les vertus morales et politiques, et quelques-unes même des chrétiennes, qu’il falloit porter ma reconnoissance plus loin, et appliquer toute l’ardeur du génie à quelque nouvel essai de ses forces qui n’eût point d’autre but que le service de ce grand maître et l’utilité du prochain. C’est ce qui m’a fait choisir la traduction de cette sainte morale, qui par la simplicité de son style ferme la porte aux plus beaux