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l’un et l’autre y soutient notre peu de vigueur.

Sous la loi de Moïse et son rude esclavage
la vie avoit bien moins de quoi nous consoler :
le ciel toujours fermé laissoit peu de passage
par où jusque sur nous sa douceur pût couler.

Sa route étoit alors beaucoup plus inconnue,
et sembloit se cacher sous tant d’obscurité,
que peu pour la trouver avoient assez de vue,
et très-peu pour la suivre assez de fermeté.

Encor ce petit nombre, en qui l’âme épurée
avoit fait sur le monde un vertueux effort,
voyoit bien dans le ciel sa place préparée ;
mais pour s’y voir assis il falloit votre mort.

Il leur falloit attendre, après tous leurs mérites,
que votre sang versé les rendît bienheureux,
et vers votre justice ils n’étoient pas bien quittes,
à moins que votre amour payât encor pour eux.

Que je vous dois d’encens, que je vous dois de grâces
de m’avoir enseigné le bon et droit chemin,
et de m’avoir frayé ces douloureuses traces