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Examine chaque moment
qu’en terre a duré ma demeure :
va du premier instant jusqu’à la dernière heure ;
remonte de la fin jusqu’au commencement ;
tiens-en toute l’image à tes yeux étendue :
verras-tu de mes maux la course suspendue,
de ces maux où pour toi je me suis abîmé ?
La crèche où je naquis vit mes premières larmes ;
tous mes jours n’ont été que douleurs ou qu’alarmes,
et ma croix a tout consommé.

Au manquement continuel
des commodités temporelles
on a joint contre moi les plaintes, les querelles,
et tout ce que l’opprobre avoit de plus cruel :
j’en ai porté la honte avec mansuétude ;
j’ai vu sans m’indigner la noire ingratitude
payer tous mes bienfaits d’un outrageux mépris,
la fureur du blasphème attaquer mes miracles,
et l’orgueil ignorant condamner les oracles
dont j’illuminois les esprits.

Il est vrai, mon Sauveur, que toute votre vie
est de la patience un miroir éclatant,
et qu’un si grand exemple à souffrir me convie
tout ce qu’a le malheur le plus persécutant.