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Ce lâche abaissement aux douceurs temporelles,
que le siècle fait trop goûter,
sert d’un grand obstacle à monter
dans ce palais de gloire où sont les éternelles :
attache tes desirs, mon âme, à celles-ci ;
fais-en ton seul souci,
et regarde en passant celles-là pour l’usage ;
ne t’en laisse plus éblouir :
ce Dieu qui du néant te fit à son image
eut un plus digne objet que de t’en voir jouir.

De quoi te serviroient tous les trésors du monde,
tous ceux que la terre et la mer
dans leur sein peuvent enfermer,
si ce n’est point sur eux qu’un vrai bonheur se fonde ?
Le plus pompeux éclat de ces riches trésors
n’a qu’un brillant dehors
qui n’excite au dedans que de l’inquiétude :
il n’a point de solide bien ;
et si tu veux trouver quelque béatitude,
elle n’est qu’en ce Dieu qui créa tout de rien.

Mais garde-toi surtout de la présumer telle
que se la peignent ces mondains
dont les desirs brutaux et vains
au gré de leur caprice en forment un modèle :
tu t’y dois figurer un amas de vrais biens,
tel que les vrais chrétiens