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j’ai beau les desirer,
ce n’est point en ces lieux que je les dois attendre :
l’avenir seul me les promet,
cet heureux avenir où chacun peut prétendre,
mais qu’on n’obtient qu’au prix où la vertu le met.

Quand par un heureux choix d’événements propices
le monde me feroit sa cour,
quand il n’auroit soin nuit et jour
que d’inventer pour moi de nouvelles délices,
quand il attacheroit lui-même à mes côtés
toutes ses voluptés,
de combien de moments en seroit la durée ?
Et quels biens me pourroit donner
sa faveur la plus ferme et la mieux assurée,
qu’en un coup d’œil peut-être il faut abandonner ?

N’espère point de joie, ô mon cœur, que frivole ;
n’en espère aucune ici-bas
qu’en ce grand Dieu de qui le bras
soutient l’humble et le pauvre, et partout le console.
Quels que soient tes ennuis, attends encore un peu,
sans attiédir ton feu,
attends le doux effet des promesses divines ;
et tu posséderas bientôt
des biens encor plus grands que tu ne t’imagines,
et que le ciel pour toi garde comme en dépôt.