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Je me suis fait de tous le plus humble et le moindre,
afin que tu susses mieux joindre
un digne abaissement à ton indignité,
et que malgré le monde et ses vaines amorces,
pour dompter ton orgueil tu trouvasses des forces
dans ma parfaite humilité.

Apprends de moi, pécheur, apprends l’obéissance
des sentiments humiliés ;
poudre, terre, limon, apprends de ta naissance
à te faire fouler aux pieds ;
apprends à te ranger sous le plus rude empire ;
apprends à te vaincre, à dédire
de ton propre vouloir les desirs les plus doux ;
apprends à triompher des assauts qu’il te donne ;
apprends à t’asservir à tout ce qu’on t’ordonne,
apprends à te soumettre à tous.

Fais que contre toi-même un saint zèle t’enflamme
d’une juste indignation,
pour étouffer soudain ce qui naît dans ton âme
de superbe et d’ambition ;
désenfle-la si bien qu’elle soit toujours prête
à voir que chacun sur ta tête
par un dernier mépris ose imprimer ses pas,
que le plus rude affront n’ait pour toi rien d’étrange,