Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/363

Cette page n’a pas encore été corrigée

garde-toi de courir après les voluptés,
captive tes desirs, brise tes volontés,
mets en moi seul ta joie, et m’en fais une offrande,
et je t’accorderai ce que ton cœur demande.

Oui, ce cœur ainsi libre, ainsi désabusé,
ne peut, quoi qu’il demande, en être refusé ;
et si tu veux goûter des plaisirs véritables,
des consolations et pleines et durables,
tu n’as qu’à dédaigner par un noble mépris
cet éclat dont le monde éblouit tant d’esprits ;
tu n’as qu’à t’arracher à ces voluptés basses
qui repoussent des cœurs les effets de mes grâces ;
tu n’as qu’à te soustraire à leur malignité,
et je te rendrai plus que tu n’auras quitté.
Plus à leurs faux attraits tu fermeras de portes,
plus mes faveurs seront et charmantes et fortes ;
et moins la créature aura chez toi d’accès,
et plus du créateur les dons auront d’excès.

Ne crois pas toutefois sans peine et sans tristesse
à ce détachement élever ta foiblesse :
une vieille habitude y voudra résister,
mais par une meilleure il faudra la dompter ;