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Tu dis vrai, mon enfant ; aussi ne veux-je pas
que tu cherches en terre une paix sans combats,
un repos sans tumulte, un calme sans orage,
où toujours la fortune ait un même visage,
et semble par le cours de ses événements
s’asservir en esclave à tes contentements.
Je veux te voir en paix, mais parmi les traverses,
parmi les changements des fortunes diverses ;
je veux y voir ton calme, et que l’adversité
te serve à t’affermir dans la tranquillité.

" Tu ne peux, me dis-tu, souffrir beaucoup de choses ;
en vain tu t’y résous, en vain tu t’y disposes,
tu sens une révolte en ton cœur mutiné
contre la patience où tu l’as condamné. "
Lâche, qu’oses-tu dire ? Ainsi le purgatoire,
ainsi ses feux cuisants sont hors de ta mémoire ?
Auras-tu plus de force ? Ou les présumes-tu
plus aisés à souffrir à ce cœur abattu ?
Apprends que de deux maux il faut choisir le moindre,
que tes soins en ce but se doivent tous rejoindre,
et que pour éviter les tourments éternels,
tu dois traiter tes sens d’infâmes criminels,
braver leurs appétits, leur imposer des gênes,
préparer ta constance aux misères humaines,