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j’ose dire encor davantage,
tu nous sers beaucoup plus que nous ne te servons.
La terre qui nous porte, et qui nous sert de mère,
l’air que nous respirons, le ciel qui nous éclaire,
ont ces ordres de toi qu’ils ne rompent jamais ;
l’ange même nous sert, tous pécheurs que nous sommes,
et garde exactement ceux où tu le soumets
pour le ministère des hommes.

C’est peu pour toi que l’air, et la terre, et les cieux,
c’est peu qu’à nous servir l’ange s’assujettisse ;
pour mieux nous rendre cet office,
tu choisis un sujet encor plus précieux :
tu quittes, roi des rois, ton sacré diadème ;
tu descends jusqu’à nous de ton trône suprême ;
tu te revêts pour nous de nos infirmités ;
et nous fortifiant par ta sainte présence,
tu nous fais triompher de nos fragilités,
et te promets pour récompense.

Pour tant et tant de biens que ne puis-je à mon tour
te servir dignement tout le temps de ma vie !
Oh ! que j’aurois l’âme ravie
de le pouvoir, Seigneur, seulement un seul jour !