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Il cherche à t’en donner le dégoût ou l’ennui ;
et pour t’ôter, s’il peut, ces armes contre lui,
il s’arme contre toi de toute la nature :
de mille objets impurs il unit le poison,
afin que de leur peste infectant ta raison,
il s’y fasse quelque ouverture,
pour troubler ta sainte lecture,
et disperser ton oraison.

L’humble aveu de ton crime aux pieds d’un confesseur,
qui sur toi de ma grâce attire la douceur,
gêne jusqu’aux enfers l’orgueil de son courage ;
et comme il hait surtout ces amoureux transports
où s’élève ton âme en recevant mon corps,
les artifices de sa rage
t’en feroient quitter tout l’usage,
si l’effet suivoit ses efforts.

Ferme-lui bien l’oreille, et vis sans t’émouvoir
de ces piéges secrets que pour te décevoir
sous un appas visible il dresse à ta misère :
ne t’inquiète point de ses subtilités ;
et n’imputant qu’à lui toutes les saletés
que sa ruse en vain te suggère,
reproche-lui d’un ton sévère
l’amas de ses impuretés.