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Ces foiblesses de l’homme agissent malgré toi ;
et bien que de ton cœur elles brouillent l’emploi,
elles n’y peuvent rien que ce cœur n’y consente :
tant que tu te défends d’y rien contribuer,
tu leur défends aussi de rien effectuer,
et leur embarras te tourmente ;
mais ton mérite s’en augmente,
au lieu de s’en diminuer.

L’immortel ennemi des soins de ton salut,
qui ne prend que ma haine et ta perte pour but,
par là dessous tes pas creuse des précipices :
il met tout en usage afin de t’arracher
ces vertueux desirs où je te fais pencher,
et ne t’offre aucunes délices
qu’afin que tes bons exercices
trouvent par où se relâcher.

Il hait tous ces honneurs que tu rends à mes saints,
il hait tous mes tourments dans ta mémoire empreints,
dont tu fais malgré lui tes plus douces pensées ;
il hait ta vigilance à me garder ton cœur ;
il hait tes bons propos qui croissent en vigueur,
et ce que tes fautes passées,
dans ton souvenir retracées,
te laissent pour toi de rigueur.