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On recommande assez la patience aux autres,
mais il s’en trouve peu qui veuillent endurer ;
et quand à notre tour il nous faut soupirer,
ce remède à tous maux n’est plus bon pour les nôtres.
Tu devrois bien pourtant souffrir un peu pour Dieu,
toi qui peux reconnoître à toute heure, en tout lieu,
combien plus un mondain endure pour le monde :
vois ce que sa souffrance espère d’acquérir,
vois quel but a sa vie en travaux si féconde,
et fais pour te sauver ce qu’il fait pour périr.

Pour maxime infaillible imprime en ta pensée
que chaque instant de vie est un pas vers la mort,
et qu’il faut de ton âme appliquer tout l’effort
à goûter chaque jour une mort avancée.
C’est là, pour vivre heureux, que tu dois recourir :
plus un homme à lui-même étudie à mourir,
plus il commence à vivre à l’auteur de son être ;
et des biens éternels les célestes clartés
jamais à nos esprits ne se laissent connoître,
s’ils n’acceptent pour lui toutes adversités.

En ce monde pour toi rien n’est plus salutaire,