Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

si tu veux avoir part à son grand héritage ;
et remets en souffrant le soin à sa bonté
de consoler tes maux durant cet esclavage,
et d’ordonner de tout suivant sa volonté.

Cependant de ta part ne reçois qu’avec joie
ce qu’il te fait souffrir de tribulations,
répute-les pour toi des consolations,
des grâces que sur toi sa main propre déploie.
Songe que quoi qu’ici tu puisses supporter,
tes maux, pour grands qu’ils soient, ne peuvent mériter
le bien qui t’est promis en la gloire future,
et que quand tu pourrois souffrir tous les mépris,
souffrir tous les revers dont gémit la nature,
tu ne souffrirois rien digne d’un si haut prix.

Veux-tu faire un essai du paradis en terre ?
Veux-tu te rendre heureux avant que de mourir ?
Prends, pour l’amour de Dieu, prends plaisir à souffrir,
prends goût à tous ces maux qui te livrent la guerre.
Souffrir avec regret, souffrir avec chagrin,
tenir l’affliction pour un cruel destin,
la fuir, ou ne chercher qu’à s’en voir bientôt quitte,
c’est se rendre en effet d’autant plus malheureux :