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par une patience égale à cette gêne,
tant qu’il plaît à ton Dieu de la faire durer.

Ses ordres amoureux veulent ainsi t’instruire
à souffrir l’amertume, et pleine, et sans douceur,
afin que ta vertu laisse aller tout ton cœur
où son vouloir sacré se plaît à le conduire :
il te veut tout soumis, et par l’adversité
il cherche à voir en toi croître l’humilité,
à te donner un goût plus pur de sa souffrance ;
car aucun ne la goûte enfin si purement
que celui qu’a daigné choisir sa providence
pour lui faire éprouver un semblable tourment.

La croix donc en tous lieux est toujours préparée ;
la croix t’attend partout, et partout suit tes pas :
fuis-la de tous côtés, et cours où tu voudras,
tu n’éviteras point sa rencontre assurée.
Tel est notre destin, telles en sont les lois ;
tout homme pour lui-même est une vive croix,
pesante d’autant plus que plus lui-même il s’aime ;
et comme il n’est en soi que misère et qu’ennui,
en quelque lieu qu’il aille, il se porte lui-même,