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écoute ses ravissements :
" Tu dissipes, ô Dieu ! l’aigreur de ma tristesse,
tu changes en plaisirs tous mes gémissements,
et m’environnes d’allégresse. "

Puisque Dieu traite ainsi même les plus grands saints,
nous autres malheureux perdrons-nous tout courage,
pour voir que notre vie ici-bas se partage
aux inégalités qui troublent leurs desseins ?
Voyons tantôt le feu, voyons tantôt la glace
dans nos cœurs tour à tour se mêler sans arrêt :
l’esprit ne va-t-il pas et vient comme il lui plaît ?
Son bon plaisir lui seul le retient ou le chasse ;
Job en sert de témoin : " Tu le veux, ô Seigneur !
disoit-il, que ton bras nous défende et nous quitte,
et tu nous fais à peine un moment de visite
qu’aussitôt ta retraite éprouve notre cœur. "

Sur quoi donc faut-il que j’espère,
et dans l’excès de ma misère,
sur quoi puis-je me confier,
sinon sur la grandeur de sa miséricorde,
et sur ce que sa grâce aime à justifier
ceux à qui sa bonté l’accorde ?