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Vois bien ce qu’est ce monde, et te figure stable
le plus pompeux éclat qui jamais t’y surprit :
que te peut-il donner qui soit considérable,
si les présents dont il t’accable
te séparent de Jésus-Christ ?

Sa présence est pour nous un charmant paradis,
c’est un cruel enfer pour nous que son absence,
et c’est elle qui fait la plus haute distance
du sort des bienheureux à celui des maudits :
si tu peux dans sa vue en tous lieux te conduire,
tu te mets en état de triompher de tout ;
tu n’as plus d’ennemis assez forts pour te nuire,
et s’ils pensent à te détruire,
ils n’en sauroient venir à bout.

Qui trouve Jésus-Christ trouve un rare trésor,
il trouve un bien plus grand que le plus grand empire :
qui le perd, perd beaucoup ; et j’ose le redire,
s’il perdoit tout un monde, il perdroit moins encor.
Qui le laisse échapper par quelque négligence,
regorgeât-il de biens, il est pauvre en effet ;
et qui peut avec lui vivre en intelligence,
fût-il noyé dans l’indigence,
il est et riche et satisfait.

Oh ! que c’est un grand art que de savoir unir